Presse, artistes, anonymes ou personnalités des différentes régions ultramarines ont tous répondu au Gala d’ouverture des « Figures des Femmes des Outre-mer » de Chantal Clem.
La présidente de l’association « Couleurs Karayb » propose durant cinq jours une expo-conférences dont l’objectif est de découvrir ou redécouvrir des femmes illustres, méconnues ou anonymes de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Réunion, des îles de l’Océan Indien ou du Pacifique. Un challenge réussi pour ce premier contact avec le public, mardi 13 décembre dans le 16 ème arrondissement de Paris au pied de la Tour Eiffel.
Au centre de la salle hypostyle, des femmes noires en costume local subliment l’entrée de l’exposition. Des photos en noir et blanc de femmes démesurées, sont magnifiées dans un décor kakemono japonais qui exprime la grandeur des déesses noires, raides, verticales, des poto-mitan, des femmes caraïbes.
Une manifestation inédite. Dessiné par Auguste Perret, le Conseil Economique Social et Environnemental, d’architecture exceptionnel, est un lieu ou le CESE vote solennellement ses avis au gouvernement. Dans ce haut lieu de prestige et de culture, l’expo « Les Figures des femmes des Outre-mer » s’invite dans la capitale parisienne durant trois jours, animée par des conférences, des débats, des films et des prestations culturelles.
Deux femmes comme marraines, deux martiniquaises, Audrey Pulvar et Gisèle Bourquin ont accepté d’accompagner le projet de Chantal Clem.
Cette idée, de mettre en lumière les œuvres des femmes ultramarines d’hier et d’aujourd’hui, la martiniquaise Chantal Clem l’explique comme « Un coup de foudre ». Un déclic à Goyave en Guadeloupe , c’était en 2014 à la Souvenance dans le manoir de l’écrivaine Simone Schwartz-Bart, l’écrivaine de « Pluie et vent sur Télumée Miracle » publié en 1972 aux Éditions du Seuil. Les deux femmes ont nourri cette passion commune d’honorer avec faste toutes les femmes issues des régions ultramarines, ces femmes « doubout‘ (debout) » des territoires des Outre-mer.
Chantal Clem apprécie.
19H35, la danseuse réunionnaise, Florence Boyer qui fait l’ouverture du Gala est applaudie pour sa prestation du maloya, elle expliquera plus tard l’importance de cette musique sur l’île.
Le coup d’envoi est lancé officiellement dix minutes plus tard par le journaliste-modérateur de Martinique Jean-Jacques Seymour (ci-dessous).
L’homme des médias s’est dit témoin du travail « acharné » de la présidente de Couleurs Karayb : « Depuis plusieurs mois, elle (Chantal Clem) travaille nuit et jour pour préparer cette manifestation. Votre présence ici ce soir, aussi nombreux, est pour elle une très grosse récompense ».
Face à lui, attentifs, le préfet de la région Ile-de-France, Jean-François Carenco, le président du CESE, Patrick Bernasconi, la députée de Tahiti, Maina Sage,
Audrey Pulvar et Gisèle Bourquin, une intellectuelle qui milite pour la sauvegarde du patrimoine et de la mémoire des Outre-mer.
Longuement applaudie, Chantal Clem de « Couleurs Karayb » est soulagée et confiante.
Cet événement n’est pas seulement un message mais une célébration :
« C’est une célébration des femmes, des figures tutélaires et c’est aussi une célébration du patrimoine que nous avons. C’était important qu’on le fasse dans un lieu prestigieux de Paris. C’était une exigence que nous avions. Face à l’enjeu de cohésion sociale, il fallait sortir du Ministère des Outre-mer, mettre une envergure beaucoup plus nationale» insiste la responsable de l’expo-conférence qui se tient du 12 au 17 décembre à la place d’Iéna.
Ce Gala est l’aboutissement de six mois de travail. Un semestre à s’affairer durement pour « décrocher » cette salle, obtenir des aides et motiver une grosse équipe de bénévoles, pour qu’enfin le projet « Figures de Femmes des Outre-mer, Histoire nationale, Enjeu local » puisse se matérialiser, nous confie la présidente.
Grâce à la délégation d’Outremer représentée aujourd’hui par la vice-présidente Inès Bouchaut-Choisy, l’association Couleurs Karayb « a obtenu que l’exposition se déroule au sein du Palais d’Iéna« . Un clin d’oeil à l’histoire. Cet édifice de renommée mondiale et classé monument historique était autrefois occupé par l’Union française chargée des colonies et des territoires d’outre-mer.
Occuper cet espace à colonnes, un pari pour Stéphane Moginot.
Choisi parmi de nombreux candidats pour exécuter l’oeuvre « Trace de femmes » représentant les « Figures de femmes des Outre-mer », le directeur artistique a fait preuve d’originalité.
Avec son équipe de régisseur, ils ont utilisé un système de câbles pour accrocher les portraits des femmes signés Annabel Guerrero.
Au milieu de ces portraits pharaoniques, le Président du CESE Patrick Bernasconi, après un bref discours axé sur la lutte contre toutes les formes de discriminations, a félicité Chantal Clem, se disant « fier de son initiative » qui est une « démarche » humaniste et engagée.
Audrey Pulvar, très discrète, a longuement insisté sur les futurs engagements de cette jeune association. Pour les participants qui se sont déplacés de Martinique, de Guadeloupe ou de New-York, exprès pour l’expo-conférences, la marraine de l’événement a expliqué l’urgence de lutter contre les violences faites aux femmes, un sujet qui « met en cause la moitié de la population ». La journaliste a fait remarqué qu’il était temps de lever ce « déni collectif », car « c’est une réalité massive qui concerne toutes les couches de la société ».
Des lectures de romans ont permis d’apprécier les textes de Simone Schwartz-Bart mis en bouche par Bakary Sangaré de la Comédie Française.
21 heures, visible dans la salle du CESE, la Tour Eiffel s’illumine et clignote.
Ce mardi soir, livres et films de femmes ultramarines étaient à portée de mains.
Sur les tables, les écrans ou dans la salle se côtoyaient Maryse Condé, Kristine Kelly, Simone Schwartz-Bart, Marie-Ange Payet, Marie-Line Ampigny ou la guadeloupéenne Gisèle Pineau.
L’écrivaine de « Cent vies et des poussières » était accompagnée de Lucette Passave-Salcède, présente au nom de son association « Femmes de Tricolore en Action ». Toutes deux de Guadeloupe, spécialement à Paris pour l’occasion.
Pour clôturer cette soirée de Gala, Rebecca de Madagascar (à droite) ouvrait le buffet de circonstance. Mangue, accras et petits fours étaient proposés par l’association Couleurs Karayb. Avant ça, Mario Canonge et son Trio Jazz Band ont électrisé la salle du Conseil Économique Social et Environnemental qui recevait ce soir plus de deux cents invités.
Chaleureusement ovationnée, la chanteuse de Jazz-caraïbe Tricia Evy a reçu avec émotion les compliments d’Audrey Pulvar, la marraine de « Figures des Femmes des Outre-mer » .
De retour d’une longue tournée en Australie, la guadeloupéenne se prépare pour ses prochains concerts « Buena Vista Social Club ». Ces deux prestations en compagnie de Mario Canonge sont prévus vendredi 16 et samedi 17 décembre au Baiser Salé, dans le 1er arrondissement de Paris.
Fidèle à la pensée de Chantal Clem qui confirme que « l’Outre-mer ne se résume pas à la Guadeloupe ou à la Martinique », les artistes originaires de l’île de la Réunion étaient nombreux à ce gala d’ouverture qui s’étale sur trois jours au CESE. C’est le cas de la chanteuse Christine Salem avec « Mama Don’t Give Up » son dernier opus sorti en 2015.
L’exposition qui se veut itinérante, sera bientôt en salle à New-York, en Martinique et en Guadeloupe. Chantal Clem annonce aussi une visite de « Figures des Femmes des Outre-mer » sur les terres réunionnaises avant de revenir sur Paris.
Durant son discours de bienvenue, la présidente Chantal Clem a tenu a remercier les invités qui se sont déplacés pour cet événement et, avec humour la martiniquaise a salué le travail accompli par chaque membre de son équipe.
Parmi cette jeune garde de bénévoles et de prestataires, la jeune martiniquaise Maud Aumis, attachée de presse, s’est montrée particulièrement impliquée dans ce projet de femmes.
Ecoutez un extrait du discours de Chantal Clem (présidente de Couleurs Karayb), enregistré par Dorothée Audibert-Champenois :
Reportage et Photos Dorothée Audibert-Champenois/Fbook C’news Actus Dothy Photos additives Wanda Nicot