Créole Day Festival : La martiniquaise Evelyne Bilon regrette « qu’on parle peu créole aux enfants à la maison ! »

« Pour que les enfants n’oublient pas, il est important à la maison, de leur parler le créole, de leur enseigner les traditions de nos parents ! », c’est depuis Londres que l’antillaise Evelyne Bilon, lance cet appel.

Tête marrée, costume créole, bijoux créoles, l’invitée du Creole Day Festival, tenait à faire honneur à la tradition qui veut qu’on fête les grands moments en habit de cérémonie. La foyalaise, ne fait pas dans la demi-mesure, elle a créé en France, son association « Fos Rasin Nou » (La Force De Nos Racines) pour veiller à transmettre et à perpétuer les traditions des régions caraïbes.

« On vient de loin, on a laissé nos îles, on fait des enfants ailleurs, j’ai peur qu’un jour nos traditions s’évanouissent dans la nature. Il est nécessaire de perpétuer les traditions, il faut que nos enfants connaissent leur culture. De plus, il y a toute sorte de créole, on risque de perdre tout ça ».

Avec son association « Fos Rasin Nou », Evelyne Bilon se veut un outil culturel essentiel pour cultiver les traditions ancestrales, « ne pas voir mourir le créole » et perpétuer la richesse des cultures antillaises et de la Caraïbe.

Le Créole Day à Londres, permet à la communauté noire expatriée de communiquer sur des événements, de découvrir les nouvelles associations qui se créent sur l’île anglaise et de connaître ceux et celles qui ont un parcours singulier dans la société britannique.

Quoique faisant partie des Antilles, les îles francophones de la Caraïbe sont minoritaires dans l’archipel (largement réuni au sein du Commonwealth). Mais la langue créole et l’histoire commune des îles, cimentent des liens forts entre les antillais et les caribéens (de langue anglaise).

Ici, à l’école primaire de St Ann au 42 Harleyford Road, Nadia Nerom, aidée d’une équipe de bénévoles, se fait un devoir chaque année de rassembler les antillais francophone et créolophone. Autour de cette journée créole, il s’agit pour l’enseignante, de partager les traditions créoles avec un public majoritairement issu de la Mer des Caraïbes mais aussi de l’Océan Indien ou du Pacifique.

Présentées sous formes ludiques, les recettes de cuisine ou les quizz accompagnent les discours et les témoignages durant la journée consacrée à l’expression créole.

Pour Evelyne, qui vient de France pour participer à l’événement londonien, il y a urgence à transmettre la culture créole aux enfants. En France depuis 38 ans, la martiniquaise a mis du temps à s’apercevoir que la tradition et ses coutumes étaient en danger : « On ne doit pas oublier qui on est, d’où on vient ». Les événements de Guadeloupe, de Guyane ou de la Réunion, elle s’y intéresse également, comme le Festival Bèlè – Gwo Ka où les danseurs et musiciens antillais se rencontrent et s’affrontent amicalement à Paris.

Dans les Hauts-de-Seine, à Villetaneuse, au sein de son organisation « Fos Rasin Nou », Evelyne Bilon propose des Ateliers créoles, de danses, de Bèlè : « Pour garder la tradition, pour que les enfants puissent dire « je viens de là, cela nous appartient quand-même . On sait danser le zouk et d’autres danses mais le Bèlè est en train de se perdre ».

« Nous avons le français et nous avons le créole. Il ne faut pas oublier le créole, même s’il est interdit de parler créoles dans les écoles métropolitaines, je demande aux parents d’êtres attentifs, on ne doit pas oublier notre langue »

En décembre prochain, Evelyne Bilon sera à la Martinique où elle passera en famille les fêtes de Noël.

Reportage Dorothée Audibert-Champenois/Facebook C’new Actus Dothy
Images C’news Acus Dothy