Au lendemain de la déclaration d’Emmanuel Macron assurant que « la République n’effacera aucune trace ni aucun nom de son histoire », le Président du Cran réitère son appel à retirer tous les symboles esclavagistes et coloniaux de l’espace public, faute de quoi ce déni pourrait être lourd de conséquences pour la cohésion sociale, prévient-il.
« Vos héros sont nos bourreaux. Oui, je suis pour qu’on retire les statues et qu’on débaptise les rues au nom de Colbert. Pourquoi devrait-on continuer à célébrer tous ces racistes ! Nos actions sont politiques, on questionne les silences du gouvernement. Si les autorités n’entendent pas nos revendications, il faut s’attendre à des violences, qu’on ne souhaite pas », déclare Guy Vedeux dans une interview publiée lundi dans le journal La Nouvelle République.
« On n’imagine pas une statue d’Hitler au Trocadéro, là où des dignitaires nazis ont posé en arrivant à Paris ! Ni une statue de Pétain à Vichy ! Les statues de colons ont leur place au musée, avec des panneaux explicatifs. Les colons sont symboles de pillages, viols, meurtres », ajoute le président du Conseil Représentation des Associations Noires de France qui compte 1.200 membres.
Cet ex-footballeur professionnel, né au Cameroun, est arrivé en France à l’âge de 10 ans et vit à Tours depuis 2004 où il vient de se présenter aux municipales.
Concernant l’affaire Adama Traoré, il souligne que le Cran a « servi de haut-parleur en 2016, dès son décès, mais maintenant, la famille est autonome ».
A la question de savoir si « les violences policières vis-à-vis des gens de couleur sont-elles toutes racistes ? », Guy Vedeux répond : « Il y a un ras-le-bol de l’impunité. George Floyd aux États-Unis n’est pas le premier et ne sera pas le dernier, hélas. On a l’impression que c’est plus cool en France, et pourtant, à Béziers, Blois ou Montargis, il y a eu des actes policiers racistes, avec mort d’hommes. » Il conclut : « La France 2020 est diverse, on y trouve toutes les origines. »
« La France d’hier n’est pas celle d’aujourd’hui. Et on ne peut que saluer les déclarations du ministre de l’Intérieur, qui veut que tout acte raciste soit sanctionné », soulignant qu’il attendait hier soir du président Macron « des actes forts ».
Lundi, Emmanuel Macron a répondu à ceux qui réclament le retrait des statues des esclavagistes et des colons de l’espace public : « Je vous le dis très clairement ce soir, mes chers compatriotes, la République n’effacera aucune trace ni aucun nom de son histoire. Elle n’oubliera aucune de ses œuvres. »
« Elle ne déboulonnera pas de statue. Nous devons plutôt lucidement regarder ensemble toute notre histoire, toutes nos mémoires, notre rapport à l’Afrique en particulier pour bâtir un présent et un avenir possible d’une rive, l’autre de la Méditerranée, avec une volonté de vérité et en aucun cas de revisiter ou de nier ce que nous sommes», a déclaré le président lors de son intervention télévisée ce dimanche 14 juin.