Au New Morning ce samedi soir (07mai), les martiniquais et les guadeloupéens ont fusionné. C’est une première du genre, organisée par Dominique Tauliaut de Guadeloupe et Elisabeth Louison de Martinique. Cette nuit, il s’agissait de sublimer devant un public impatient et survolté, les pratiques de la musique du Bèlè et de celui du Gwoka. La Martinique avait tout à gagner. Les musiciens du Bèlè souhaitent que cette musique soit reconnue par l’Unesco, l’Organisation des Nations Unies pour l’Education la Science et la Culture.
Annette, la voisine confirme que, le Gwoka, est déjà inscrit au patrimoine culture et immatériel de l’Unesco. Elle y était ce jour là, elle a dansé, c’était le 26 novembre 2014. L’Organisation reconnaissait ainsi les pratiques représentatives de l’identité guadeloupéenne. Un atout indéniable pour le Tourisme de l’île.
Cette idée de grand rassemblement avec les deux musiques traditionnelles, Bèlè et Gwoka, a fait son chemin, après une longue discussion entre les deux organisateurs, Dominique Tauliaut et Elisabeth Louison. C’était dans un studio de Radio en région parisienne, il y a un an. Une envie pour les deux antillais de contribuer à « ouvrir » le Bèlè, raconte le musicologue et musicien pianiste, Rony Olanor. Il sera dans la composition de cette fusion musicale ce soir sur scène. Pour l’heure, tout le monde discute dans la rue des petites écuries dans la très longue file d’attente.
21 heures, les portes s’ouvrent.
Malgré un programme précis, largement diffusé sur le Net, et une prévente stricte les organisateurs de La Nuit du Bèlè et du Gwoka, ne s’attendaient pas à tant de spectateurs dans un espace restreint pour accueillir une telle performance. Dans le 19 ème arrondissement de Paris, la salle du New-Morning implosait samedi soir alors que la foule continuait à entrer. A l’intérieur, les premiers arrivés étaient à coup sûr, les premiers chanceux assis. Les autres bien plus nombreux sont restés debout toute la soirée.
Ambiance dès les premières notes. Objectif ce soir, découvrir entre autres les nouveaux albums Concept Bèlè Martinique et Balkouta Guadeloupe.
Le Bèlè qui signifie littéralement (bon moment, bon endroit) est surtout un héritage de la période esclavagiste époque, où les anciens esclaves fuyaient les plantations. Le mot Bèlè désigne la solidarité, le partage et s’exprime à travers, la danse, le chant, la musique avec le tambour bèlè souvent en chêne, recouvert de peau de cabri.
Le Gwoka, comme le Bèlè, s’inspire de la période esclavagiste, une résonance des chants et des pratiques culturelles africaines. Dénigré durant la période post-coloniale c’est vers les années 80 qu’il a repris son flambeau, porté par une démarche identitaire des guadeloupéens.
Sur la scène du New Morning, le martiniquais, Jean-Philippe Grivalliers (Maître Bèlè) était entouré de deux guadeloupéens, Dominique Tauliaut (Musicien-Tanbouyé) et Robert Coliné (Gwoka). Du Saxo, Basse, Piano ou Ti bois pour démarrer la première partie. La langue : Le créole.
En accord total avec le public. Dominique Tauliaut, maître du Gwoka, est resté le pilier du show, enchaînant variétés, Jazz Fusion, Gwoka, tout ça mélangé dans une sauce Bèlè. Des sept invités du concert, Elisabeth Louison (co-organisatrice de l’évènement) a créé émotion et fierté en interprétant « Fanm Bèlè ». La martiniquaise, a interprété un titre inédit sur les conditions des femmes : . Une ode à toutes les femmes, une pensée particulière à celles de Martinique avec son refrain : « Fanm Bèlè cé kon sa nou yé ». Un CD réalisé grâce à un appel aux dons en ligne. La cagnotte Konvwa Moun Bèlè a été un tremplin pour la sortie du premier Album de Concept Bèlé (Musiques traditionnelles de Martinique)
Les trois femmes choristes sur scène ont accompagné les invités vedettes comme Alix Adda ou Ruddy Courta très remarqué. L’artiste étonnamment, joue du reggae sur des notes de Gwoka.
Avec le soutien de leurs frères guadeloupéens, les martiniquais ont réussi leur entrée musicale dans cette Grande Nuit du Bèlè et du Gwoka. Une occasion intéressante pour le groupe Bèlè de Martinique, qui a interprété les titres de son premier album « Concept Bèlè » qui vient juste de sortir. Ils ont également choisi de faire entendre au public du New Morning, des morceaux inédits, prévus pour leur deuxième CD.
Ce genre d’initiative, une aubaine pour rendre plus attractive la destination Martinique. Une démarche intéressante pour l’île Martinique, soeur de la Guadeloupe, qui espère faire entrer sa musique, ses chants et ses danses traditionnels à l’UNESCO, très prochainement. (Reportage Dorothée Audibert-Champenois)
Photos Dothy A-Ch