La Martinique vient de perdre un grand comédien, très discret. Comme d’autres, Mencé Edouard Félix aura contribué à faire de la «Rue Cases Nègres», le grand film diffusé et plébiscité dans le monde entier. Mencé Edouard Félix qui dirigeait comme commandeur la plantation de canne à sucre dans le film adapté du roman auto-biographique de Joseph Zobel, est décédé. Il a été enterré ce mercredi 20 novembre 2019 au cimetière du Vert-pré. Il avait 98 ans. Ses voisins se rappellent de lui comme étant un homme simple et réservé.
Le comédien donne la réplique au régisseur (Francisco) de la plantation rue cases nègres
Selon ses proches voisins, à 98 ans, l’ancien comédien du film «Rue Cases Nègres», était originaire de la commune de Ducos mais résidait dans la petite commune du Vert-Pré (attachée à la ville du Robert), depuis de nombreuses années. «Mencé Edouard Félix a été hospitalisé Il y a quelques jours à l’hôpital de Trinité, car il ne sentait pas bien».
L’homme était régisseur d’habitation de profession. De bonnes conditions physiques, «il ne restait pas chez lui», confirme une voisine Vert-préenne. «Mencé Edouard Félix grimpait le morne du Vert-Pré à pied, faisait du stop ou payait son taxi».
Mencé Edouard Félix dans la «Rue Cases Nègres» d’Euzhan Palcy
Présent également dans d’autres scènes du film, le comédien illustre un scénario qui ne désigne ni coupables, ni victimes dans une Martinique en pleine fracture. Nous sommes en 1930, le temps de l’esclavage est révolu mais l’épopée coloniale est à son apogée. Regard intime sur les relations entre les békés et leurs descendants. Ascension sociale difficile pour les descendants d’esclaves, la fiction continue à faire corps avec la réalité, encore au 21ème siècle.
«Rue Cases Nègres» 1930.
Dans le long métrage de 106 minutes de la martiniquaise Euzhan Palcy, des hommes et des femmes travaillent dur dans les champs de canne à sucre, sous le contrôle des économes et des commandeurs. Sous la chaleur et la pénibilité de leur tâche, ils rythment leurs coups de coutelas en scandant des chants en créole sur «la plantation, la rue Cases-Nègres» à Rivière-Salée, sur «la plantation, la rue Cases-Nègres». Certains artistes de Martinique ont participé à ce film dont le chanteur Eugène Mona.
Eugène Mona (Douze orteils), Douta Seck (Mr Mesdouze) et Gary Cadenat
Le film où les acteurs s’expriment aussi bien en français, qu’ en créole, a eu un succès planétaire et continue de susciter de l’intérêt auprès des spectateurs, des littéraires et des chercheurs du monde entier. La «Rue Cases Nègres» a été récompensée du Lion d’argent au Festival de Venise en 1983 et, obtenu un César de la Première oeuvre cinématographique en 1983.
Dorothée Audibert-Champenois/Facebook – C’news Actus Dothy Images Capture d’images