La professeure de Collège dans le Sud-Est de l’Angleterre, Alinta Sara, est aussi la fondatrice du Collectif Bocantaj à Londres.
Elle est un peu de la Réunion, du Niger mais aussi de la Martinique d’où est originaire sa mère. Alinta Sara et Aminat Lawal Agoro qui se sont rencontrées pour la première fois lors de leur Master en Etudes Africaines, ont créé le Collectif Bocantaj : « Nous nous sommes rendues compte que peu de personnes pensaient au lien culturel entre l’Afrique et la Diaspora. par exemple celui qui existe avec la langue Youruba, parlée au Brésil ou à Cuba. Pour moi, c’est important, car je suis martiniquaise et guinéenne. J’ai un besoin indispensable de joindre ces deux cultures » .
En 2014, après une première saison réussie sur le thème d’Haïti grâce au support de l’association Afrokarib, les deux femmes au sein du Collectif Bokantaj ont inauguré le 2 octobre 2018, une nouvelle exposition « Divinations of Worlds To Come » qui traite de l’Art et de la Littérature dans les cultures francophones de la Caraïbe. Cette exposition à Deptford, qui vise à sensibiliser les trajectoires historiques et thèmes universels, a pour ambition, de relier les communautés du Sud.
L’exposition présente pour la première fois au Royaume-Uni des œuvres d’Hervé Beuze (Martinique) et de David Gumbs (St Martin / Martinique). Positionnés comme les héritiers des idées fondatrices d’Aimé Césaire, de Franz Fanon et d’Édouard Glissant, les deux artistes de la Caraïbe abordent le rôle du corps face aux technologies émergentes et futures. Le travail d’Hervé Beuze est basé sur l’installation sculpturale ou monumentale. David Gumbs adopte une approche plus conceptuelle à travers ses dessins et ses installations multimédias interactives. (Bocantaj)
L’idée, selon Alinta Sara, « c’était de partir des œuvres d’Aimé Césaire et de Glissant et de voir comment leurs écrits parlaient de la quête de l’identité. Plus globalement, la question était de savoir comment se projette l’homme antillais mais aussi l’homme noir dans ces nouvelles sociétés contemporaines ».
Hervé Beuze est né et vit en Martinique. Il est peintre, sculpteur et artiste. Ses plus récents travaux s’orientent sur les identités, la mémoire et l’espace de l’île. Hervé présentera son travail au Royaume-Uni pour la première fois dans l’exposition « Divinations of Worlds To Come ».
Originaire de Saint-Martin en Guadeloupe, David Gumbs est diplômé d’un Master Spécialisé en Nouveaux Médias à l’ENSCI Les Ateliers de Paris. Ses recherches interrogent la relation entre la perception et les sensations dans le paysage mental d’autrui. Sa découverte de la luxuriante flore Martiniquaise et cubaine déclencha une passion pour les mythes des Dieux de la forêt dans les cultures insulaires. Ses œuvres polymorphes sont révélatrices d’un inconscient collectif et personnel dans les processus de métissage et d’hybridation dans l’imaginaire Caribéen.
Le collectif « Bocantaj », fondé par Alinta Sara, existe pour « favoriser les dialogues et montrer que finalement les frontières sont assez superficielles. Ce qui s’est passé avec le Brexit, analyse Alinta Sara, vient d’un manque de dialogue où les sociétés se referment sur elles-mêmes. Pourtant nous sommes liés les uns, aux autres ».
« La Grande-Bretagne est un pays avec des anglais, des écossais , des Galois mais aussi des étrangers qui contribuent à la richesse du Pays » poursuit l’artiste antillaise.
D’autres projets sont en cours, cette fois ce sera une collaboration avec le British Consul d’Angleterre. Si le projet aboutit, « un groupe de femmes, très féministes » viendra faire des workshops pour une approche en harmonie avec le corps.
Née sur l’île de la réunion, Alinta a grandi à la Martinique où elle arrive à l’âge de 5 ans. Sa découverte de l’Afrique (une partie de son identité), se réalise en 2003 lors d’un séjour en compagnie de son père. A cette occasion la jeune fille rédige son Mémoire de Maîtrise sur l’histoire de la Guinée. Après ses études à Toulouse, l’étudiante choisit d’être Assistante de Langue et s’envole pour la Grande-Bretagne, grâce au programme Comenius qui l’accepte à Liverpool. Alinta Saka qui ne devait suivre qu’une année de cours, n’a toujours pas quitté le l’Angleterre.
Aujourd’hui, la jeune martiniquaise vit au Royaume-uni, où elle s’est installée, il y a 14 années. D’abord dans la ville de Liverpool, elle s’établit enfin à Londres, où elle réside depuis 2008.
« J’adore étudier », la martiniquaise fréquente de nouveau les Amphis universitaires et devient professeur. Alinta Sara est professeur à l’Imperial College dans le Sud-Est de Londres : « J’enseigne le français, mais à côté avec Bocantaj, je développe des projets artistiques mais aussi éducatifs.»
« Divinations of Worlds To Come » est visible aux galeries 1 et 2 at The Agency Gallery de Deptford, jusqu’au 15 novembre 2018.
Reportage Dorothée Audibert-Champenois/Facebook Twitter C’news Actus Dothy
Images C’news Actus Dothy/OazoAir (Gumbs)/Fondation Clément (Beuze) Nadcréolecénous(Bocantaj galerie)