Londres-Violences : Nathalie raconte ses envies de suicide pendant dix ans «Je n’existais pas !»

 Récemment, Nathalie, une jeune mère guadeloupéenne s’est lancée un ultime pari (a goal en anglais) : « S‘en sortir », « survivre » pour « sauver » ses petites filles, «cesser» de souffrir.

Mariée, loin de sa famille, isolée à Londres, en silence, Nathalie Saint-Marc a vécu une très longue situation abusive pendant laquelle, la jeune femme ne pensait qu’au suicide comme salut.

Vauxhall, quartier résidentiel et commercial de Londres.

Ce samedi 27 octobre 2018, au cours de la Journée créole, comme témoin Achievement, Nathalie Saint-Mark a ému, quand, en fin de journée, la jeune femme s’est adressée au public. Son histoire bouleversante qu’elle a tenue à raconter, est celle d’une jeune mère de famille, victime de violences conjugales répétées durant plus de dix ans. Elle témoignait ce samedi 27 octobre, enfin libre d’expliquer comment elle vit désormais sans honte : « Un miracle ! » lâche la jeune mère.

Nous l’avons rencontrée après son Self-Empowerment devant le public du Creole Day Festival au St Anne’s Stettlement Hall. Prendre la parole en public, un premier acte libérateur pour les victimes de violence.

En 2017, Nathalie Saint-Marc participe à la « Journey Kreyol » organisée par les groupes Ziloka et Londonsquad.  La guadeloupéenne est candidate à la dictée créole qu’elle gagne (ci-dessous).

Comme dans beaucoup d’événements où Nathalie est présente, personne ne se doute des souffrances que subit la jeune femme, elle sourit, est agréable au dehors et, est une femme maltraitée par son conjoint dans son foyer. Au micro, la guadeloupéenne explique son calvaire et comment « un jour je suis sortie de ma coquille » après dix ans d’abus.

Aujourd’hui, la mère de deux enfants, restée « longtemps silencieuse même au milieu des siens », parle vite, pressée de partager son nouveau bonheur : « Achievement pour moi, c’est se donner un Goal et réussir quelque chose. J’étais quelqu’un qu’on ne remarquait jamais. Mais, un jour, j’ai vu que la vie était belle. Prendre conscience qu’on pouvait penser autrement, vivre autrement, tout cela pour moi c’est un Achievement, un accomplissement ».

Continuellement rabaissée, méprisée, Nathalie pensait souvent à se suicider pour en finir : « Parce qu’on me disait que je ne valais rien ». Ne plus se poser de questions, baisser la tête et encaisser les coups, ce mode de vie, la guadeloupéenne s’exécutait chaque jour et en souffrait sans pouvoir se confier.

Sans famille en Angleterre où elle vit, Nathalie Saint-Marc a « miraculeusement sorti la tête de l’eau » en pensant à ses enfants : « J’observais mes deux petites filles, que je trouve très intelligentes avec un énorme potentiel et je me suis dis : « Si elles ont en exemple, une mère qu n’a pas confiance en elle, qui n’arrête pas de se rabaisser, cela leur donnera un très mauvais exemple. Elles penseront que c’est normal. Ce fut mon Wake Up Goal, cela m’a réveillée.»

Désormais séparée de son partenaire, Nathalie Saint-Marc vit en famille monoparentale et élève seule ses filles. Elle est Opératrice Analyste dans le quartier de King’s Cross, un quartier de la ville de Londres. Résidente anglaise depuis plus de 13 ans, l’antillaise avoue son attachement pour son île, la Guadeloupe.

L’endroit où avec sa sœur elle passait ses vacances tous les ans comme une « vraie citoyenne créole ». Comme sa maman avant elle, Nathalie Saint-Marc, transmet, nous dit-elle, toutes les traditions créoles, musique Gwo Kâ, cuisine y compris la langue, à ses deux filles qui « comprennent la langue créole mais ne la parle toujours pas ».

 

Les yeux encore tristes, le ton maîtrisé, Nathalie Saint-Marc, raconte : « Même s’il y a un trou noir pendant une certaine période de notre vie, je vous garantis qu’il y a une lumière à la fin de ce tunnel »

Souvent taboue, la violence conjugale est multiforme. On désigne par violence conjugale les actes de violence commis, au sein d’un couple, par l’un des conjoints sur l’autre quelque soit le statut  de la conjugalité : mariage, union libre, pacs ou concubinage.

Selon le site en ligne Jurifiable, chaque année, 100 et 200 personnes décèdent des suites de violences conjugales. La grande majorité de ces victimes tuées sont des femmes. Autrement dit, une femme meurt tous les 2 ou 3 jours en moyenne à cause des violences conjugales.

Les violences conjugales non mortelles (coups et blessures) déclarées sont au nombre de 60 000 chaque année, dont 50 000 occasionnées par des hommes à l’encontre des femmes.

Reportage Dorothée Audibert-Champenois/Facebook Twitter C’news Actus Dothy        Images C’news Actus Dothy