Paris : Les aveugles et malvoyants, il ne faut plus « les cacher dans les murs ! », l’appel émouvant d’une assistance sociale

Depuis plus de trente ans, le 21 juin est le jour choisit en Europe et à l’étranger, pour célébrer toutes les musiques. Depuis son lancement, le succès de cette fête ne s’est jamais démenti. Cette année c’est jeudi dernier que toute la France métropolitaine et ses régions d’outre-mer fêtaient la musique. Chaque année, environ 18 000 concerts rassemblent plus de 10 000 millions de spectateurs. Des spectacles gratuits qui durent tard dans la nuit.

Parmi les 5 millions de musiciens professionnels ou amateurs, c’est l’occasion pour tous les artistes et aussi les handicapés de se produire sur scène. Jeudi 21 juin, de 14 heures à 16 heures, à l’hôpital des Quinze-vingts, (une institution créée en 1260 pour les pauvres aveugles, par Saint-Louis), qu’une prestation peu commune a eu lieu.

A la Résidence Saint-Louis du centre hospitalier national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts, des aveugles et malvoyants (pensionnaires dans l’établissement) ont assuré un show pour leur première édition de la Fête de la Musique. Cette prestation réussie aura révélé les talents de musiciens malvoyants, jouant de la batterie, du piano, de la guitare et du saxo grâce à leurs partitions écrites en braille.

Profitant de cette Fête qui se déroulait devant un petit comité de spectateurs, nous découvrons, une nouvelle recrue dans l’équipe hospitalière des Quinze-vingts. Hermine Edongue Moussambani est assistante sociale. Nous la suivons, une occasion de se rapprocher des aveugles et des malvoyants de l’hôpital et de savoir leurs attentes et les difficultés des personnes en situation d’handicap visuel.

Cette soirée du jeudi 21 juin qui s’achève est positive et réussie, constate Hermine Edongue Moussambani. C’est une première pour l’équipe que dirige Jean-François Segovia, Marie-Thérèse Falais, directrice adjointe et Leila Derosier, responsable de la Résidence Saint-Louis au Quinze-vingts.

« D’habitude, on les accompagne dans leurs démarches administratives et sociales et aujourd’hui, ce sont eux qui nous rendent ce bonheur. Et ce bonheur, c’est la musique qu’ils interprètent et qu’ils jouent ». Le concert se termine à 16 heures, sur une reprise d’un tube de Florent Pagny. L’orchestre des malvoyants jouent et Sissoko au micro, chante « Apprendre à aimer ».

Une aventure musicale qui doit continuer, assure l’assistante sociale « c’est une initiative de Leila Derosier, la responsable de la Résidence Saint-Louis. Nous avons voulu mettre en avant ces musiciens qui tous les jours sont dans d’autres démarches. Cela ne sert à rien de les cacher dans les murs, l’occasion est venue de les montrer sur le devant de la scène et nous espérons que cela va durer. C’est une première édition et pourquoi pas, la reconduire l’année prochaine », ajoute la nouvelle employée des Quinze-vingts.

Depuis le 30 octobre 2017, Hermine Edongue Moussambani est assistante sociale au centre hospitalier national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts. Dans le 12ème arrondissement de Paris, chaque jour de la semaine, elle a en charge une cinquantaine d’individus. Très attentive aux besoins des aveugles et malvoyants, elle prend sa tâche avec dévouement. Son métier d’assistante sociale lui confère des devoirs mais aussi beaucoup de satisfaction, avoue-t-elle.

Avant d’être en milieu hospitalier, Hermine exerçait au Conseil régional d’Île-de-France, très concernée par des proches (ayant cet handicap visuel), Hermine Edongue Moussambani avoue être « heureuse » d’accompagner les malvoyants qui la sollicitent : « J’ai des familles, des jeunes qui travaillent, des personnes âgées. Je suis affectée principalement à la maison départementale des personnes handicapées », Hermine Edongue Moussambani doit, entre autres,  mettre en place des « dispositifs pour le maintien à domicile des personnes âgées ». Pour l’aide à domicile, comme le ménage, les courses et la cuisine pour certains, les balades pour d’autres, Hermine Edongue Moussambani fait appel aux associations.

Les difficultés des personnes en situation de handicap visuel demandent des réponses adaptées. Pour qu’ils soient indépendants, ils doivent savoir lire leur courrier. Ce qui n’est pas simple pour beaucoup de malvoyants : « Il y en a qui n’ont pas appris le Braille quand d’autres le maîtrisent parfaitement, il faut les écouter, les orienter, voire répondre à leur place ».

Hermine Edongue Moussambani, intervient aussi quand les allocations sont suspendues : « Je dois être médiatrice entre eux et l’institution où ils résident. Je favorisent l’accès aux droits, qu’ils ne peuvent faire seuls. Quand on leur coupe leurs allocations, c’est moi qui intervient ».

Si ces questions matérielles amènent des solutions concrètes, pour le reste, Hermine Edongue Moussambani est désarmée. L’affection et les sentiments de solitude sont des attentes récurrentes pour les personnes en situation de handicap : « Ce qu’ils attendent, c’est la valorisation ! qu’on cesse de les considérer comme des enfants ! » reconnaît Hermine Edongue Moussambani.

Ecoutez Hermine Edongue Moussambani, assistante sociale à la Résidence Saint-Louis du centre hospitalier national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts. En charge d’une cinquantaine de résidents dans ce service d’handicap de la vue. D’origine africaine, elle vit à Paris depuis de longues années. Hermine Edongue Moussambati raconte pourquoi elle aime ce métier qu’elle occupe auprès des malvoyants :

Handicap Visuel (C'news actus Dothy)

HANDICAP – SOLIDARITE : Le témoignage EMOUVANT d'une Assistante Sociale, nouvelle recrue à la Résidence Saint-Louis AU QUINZE-VINGS. C'news Actus Dothy

Publiée par Antillesboxmail – Dothy sur Dimanche 24 juin 2018

Reportage Dorothée Audibert-Champenois/Facebook C’news Actus Dothy


Images et vidéo C’news Actus Dothy