Invité officiellement par le « Président » au dîner des Grands chefs à la préfecture du Rhône ce dimanche 26 septembre, le chef martiniquais Marcel Ravin s’est vu refusé l’entrée de cet évènement malgré sa carte d’invitation nominative. « Choqué et déçu », il a raconté sa mésaventure sur Facebook. Ce jour il reçoit le soutien de Serge Letchimy, Président du Conseil exécutif de la CTM. Ce dernier réclame des explications aux responsables de ce dîner, sur ce qui s’est réellement passé.
» Après avoir été invité par le président de la République, Emmanuel Macron à Lyon à la préfecture de Région Auvergne-Rhône-Alpes lors d’un dîner avec d’autres grands chefs cuisiniers et pâtissiers, le chef cuisinier martiniquais, Marcel Ravin s’est vu refuser l’entrée de cet évènement sans aucune raison apparente.
Je souhaite apporter mon soutien à Marcel RAVIN face à cette humiliation subie. Un acte inacceptable qui soulève de nombreuses questions sur le « pourquoi de ce refus ».
Dans l’attente de réponses, je tiens à réaffirmer que nous ne pouvons tolérer aucun acte de discrimination ou de racisme envers nos compatriotes mais aussi envers toutes les cultures et les êtres humains pouvant y être confrontés.Marcel est l’un des chefs les plus doués de sa génération, il avait son invitation écrite par le président de la République lui-même…
Les responsables de ce « dîner » doivent maintenant nous expliquer ce qu’il s’est réellement passé. Dans le cas contraire, nous serons dans l’obligation de tirer les conclusions qui s’imposent. »
SERGE LETCHIMY
Dans une autre publication Facebook, Marcel Ravin dénonce une discrimination :
Tout d’abord, un immense merci pour votre soutien sans faille.
Hier je vous ai livré mes émotions suite à ce très désagréable incident. Je vous ai fait part de l’humiliation subie et croyez moi, j’aurai préféré vous parler cuisine…Oui je parle de ma différence, celle de mon histoire avec tout ce qu’elle comporte. Ceux qui me connaissent vraiment, savent qu’elle n’est pas commune. Je suis martiniquais français, noir, je suis chef étoilé et je ne suis l’élève d’aucun grand chef ou système. J’ai donc eu à me battre pour ma passion et je continuerai.
Et j’ai le droit. J’ai le droit d’assimiler une énième épreuve à mon parcours, j’ai le droit de l’ajouter à celles déjà surmontées. Ça dérange certains, met mal à l’aise d’autres mais pourquoi devrais-je me taire de peur qu’on fasse le lien avec ma couleur de peau? Je ne crie pas au crime, je dénonce des faits concrets. Je n’incrimine quiconque personnellement, je déplore un manque de fraternité. Je ne divise pas, je rassemble pour mieux se faire entendre.
J’ai l’espoir que notre profession se fédère et qu’aucun chef reconnu pas ses pairs, ne soit plus jamais laissé sur le pas de la porte. Je veux croire que l’organisation de cet événement s’excuse du manque de considération suite à une absence sur les listes… et surtout je garde en mémoire le meilleur… toute la compassion du vigile gêné de pas avoir pu faire déplacer un organisateur et la bienveillance des policiers tristes de me voir repartir mon carton à la main et ma veste blanche sous le bras… Souhaiter à mes enfants et mes jeunes un avenir plus solidaire n’est pas une insulte, c’est un message pour l’égalité, la liberté et la fraternité.
Marcel Ravin