« Il n’y a rien de plus beau que « ça », voir des gens qui viennent payer pour vous voir jouer, qui vous applaudissent et qui vous disent merci, c’est extraordinaire ! », c’est Simon Jurad, guitariste, auteur, compositeur qui s’exprime ce jeudi 2 mai 2016. Il explique l’attachement à son public et livre un scoop aux martiniquais durant notre rencontre sur les Quais de Paris.
Quai de l’Oise dans le 19ème arrondissement, l’artiste martiniquais Simon Jurad nous attend. Il est présent en France pour présenter son nouvel Album, « Intemporel ». Une semaine à Paris aussi, pour assister aux concerts du groupe Kassav’ au Zénith, pour saluer son ami Jean-Philippe Marthély.
Le chanteur de Kassav’ dit Pipo, participe à l’Album « Intemporel ». Pour ces deux artistes, c’est une longue collaboration musicale comme pour beaucoup de musiciens que Simon Jurad a lancé tout au long de sa carrière.
Les débuts du fondateur du groupe « Opération 78 » en Martinique, sont à l’image du personnage, simples, sincères et d’une grande probité.
L’épopée musicale de Simon Jurad est liée au quartier de Rive Droite Levassor en bordure du célèbre Canal du même nom à Fort-de-France.
L’enfant du « Bò kannal », a poussé sa première guitare de fortune à un niveau tel, qu’il est devenu une légende de la musique martiniquaise. En 2006, Carlos Santana, le guitariste, auteur, compositeur américain, d’origine mexicaine a repris un de ses titres crée en 1972 « Roulé » qu’il a gravé sur son album de l’époque. Une consécration qui s’ajoute à de nombreux reconnaissances de Simon Jurad, il est à ce jour modèle de réussite dans la musique. Neuf ans plutôt, en 1997, il reçoit de ses pairs le « Prix Spécial Sacem » et devient Sociétaire permanent de la Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique.
Simon à 5 ans, quand avec ses copains du quartier de Rive Droite, il commence à « taper » sur des petites objets métalliques « pour faire de la musique ». Et puis l’envie trop forte de jouer avec des instruments obsède le jeune enfant. Avec ses frères, Simon qui a 7 ans, fabrique sa première guitare dans l’atelier du père Vilette. L’ébéniste qui vit également au bord du Canal, leur laisse son établi quand il ne travaille pas. Les jeunes enfants achètent des fils de crin mais la guitare reste muette, jusqu’au jour, où tout va changer pour le jeune Simon Jurad.
Simon qui se dit « cancre à l’époque », déteste l’école, trop âgé, l’adolescent passe en quatrième par ancienneté, raconte-t-il. Mais pour ses parents si modestes, c’est un événement. Sa mère femme au foyer, croit bien faire, elle lui offre une vraie guitare. Son père, charpentier est furieux mais il est trop tard, cette guitare, va changer l’existence de son fils Simon Jurad.
Heureux de sa guitare toute neuve, le jeune homme commence à jouer de l’instrument dans des « petits groupes ». Le premier ce sera les « Compagnons du Rythmes » avec comme leader Serge Ravin. Plus expérimenté, il guide les plus jeunes dans leur nouvelle activité. Une carrière s’ouvre pour le « petit gars » du « Bò Kannal » mais aussi pour ses copains d’alors, Marcel Montout, Guy Francisque, et aussi Chico Gelman.
Dans les années 70, Simon Jurad quitte Fort-de-France, il se produit tous les dimanches au Madras, à Tartane, sur la presqu’île de la Caravelle. Un soir, le bassiste de la Perfecta, Jojo Tayalay, l’aborde et lui propose de jouer dans le groupe phare de la Martinique, qui recherche un guitariste. Il joue désormais, tous les jeudis à l’Escale, il et dans le groupe qu’il admire le plus, Simon Jurad est instrumentiste de la Perfecta. Le temps vient ou Simon veut réaliser ses projets, composer ses propres morceaux et les faire interpréter au sein de sa formation . L’aventure avec la Perfecta dure 8 ans, il créé son propre groupe, « Opération 78 ».
Recommencer à zéro, après avoir jouer dans un groupe qui est au sommet ! Un challenge pour le guitariste.
La formation musicale est un succès, avec ce leader charismatique qui porte sa casquette à tous les concerts du groupe. Ils arrêtent de jouer ensemble à la disparition de deux des leurs.
Simon Jurad, s’occupe alors de son jeune fils, Steeve, chanteur, danseur et comédien est dans le monde du spectacle.
La guitare de Simon Jurad n’est pas loin, le virus se réveille. Sous l’impulsion de son ami Pipo, il refonde « Opération 78 ». Spontanément les amis répondent et Jean-Claude Papite au chant, Jean-Michel Jean-Louis, Rodrigue Marcel, et les jeunes du groupe, Simon Fulgence et Samuel Crestor à la batterie font revivre l’ancienne formation. Aujourd’hui, la légende musicale Simon Jurad, conseille les aspirants musiciens avec tact.
Le guitariste autodidacte reconnaît ses faiblesses et c’est en bon pédagogue, qu’il préconise l’étude du solfège. Selon lui, il est impératif d’étudier dans de bonnes écoles de musique, d’apprendre à lire des notes pour être « opérationnels partout dans le monde ». Le compositeur qui n’a jamais interprété ses propres compositions, l’explique simplement en disant, « que sa voix n’est pas exceptionnelle ». Dans Opération 78, il a toujours confié le chant à des personnes de talents. Avec humour, Simon Jurad raconte une anecdote :
« A l’origine, le « petit jeune » que Simon Jurad embauche, a déjà une petite carrière dans le chant. Pipo, rentre en Martinique, il était en Guyane pour son service militaire.
Le trombone d’ « Opération 78 » Jacques Charmant, lui suggère d’intégrer dans son « école », Jean-Philippe Marthély, Jean-Paul Pognon le rejoint, ils deviennent alors les membres fondateurs du groupe. On les retrouve depuis sa sortie, le 5 mai dernier, sur le nouvel album « Intemporel » de Simon Jurad.
En Martinique, où son public l’encense depuis sa création, le nouveau groupe « Opération 78 » reste très fidèle. Simon Jurad nous confie, qu’il sera présent à la Palouza au François, tous les vendredis durant les vacances de juillet avec le groupe la Perfecta, puis partira vers l’île soeur, la Guadeloupe. Avec son nouveau répertoire, la formation sera à Paris au mois de Novembre prochain.
Pour l’heure, c’est sur les antennes de Radio Nova que Simon Jurad, accompagné de son épouse, donne rendez-vous aux parisiens, le dimanche 19 juin, jour de la Fête des Pères.
Reportage Dorothée Audibert-Champenois Photos Dothy A-Ch/Presse
Ecoutez Simon Jurad : Le guitariste, auteur compositeur, est une vedette aux Antilles, principalement en Martinique. Son seul regret, le manque de reconnaissance de certains professionnels et politiques martiniquais sur l’ensemble de son travail mais l’essentiel pour l’artiste, c’est la « communion totale » qu’il a avec son public (Reportage et interview : Dorothée Audibert-Champenois).